Signé et daté de 1668, l‘Astronome est un des rares tableaux de Vermeer (Johannes Vermeer de Delft) à mettre en scène un personnage masculin.
Légèrement dressé sur sa chaise, tourné vers la fenêtre lumineuse, l’astronome se tourne vers l’extérieur, comme l’y invite son activité professionnelle.
Construite en légère contre-plongée, la mise en page est caractéristique de la plupart des toiles de Vermeer : un premier plan occupé par le tapis de table conduit le regard vers un horizon géométrique haut placé. Le mur du fond, très rapproché, concentre l’attention sur la sphère inondée de lumière. Vêtu de bleu céleste comme la muse Uranie, qui, selon l’Iconologie de Cesare Ripa, patronne les «hommes savants», l’astronome est entouré de livres.
Cet homme de science occupait alors une place centrale dans les querelles entre catholiques et calvinistes. Ces derniers, particulièrement hostiles à la recherche scientifique et plus spécialement à l’astronomie, prétendaient en effet que l’homme devait se défier de la connaissance. Vermeer, quant à lui, avait des amitiés dans le milieu scientifique, dont Christiaan Huygens, mathématicien et physicien connu surtout pour sa théorie ondulatoire de la lumière, mais également astronome, fut une figure de premier plan.
Les calvinistes puisaient leurs arguments contre les astronomes dans l’Ancien Testament, et notamment dans une exhortation de Moïse au peuple hébreu, ce qui est à rapprocher du tableau aperçu sur le mur, Moïse sauvé des eaux. Quoi qu’il en soit, l’Astronome, comme son pendant, le Géographe, exprime l’admiration de Vermeer pour l’étude et l’observation.